La foux et la seconde guerre mondiale
La grotte a servi d’abri pendant la deuxième guerre mondiale. Madame Martina-Fieschi nous livre ici la mémoire de son enfance. C’est un éclairage supplémentaire sur la puissance patrimoniale de la Foux :
« Le matin du 12 Août 1994 avec quelques membres de ma famille nous prenons la route de Sainte Anne d’Evenos direction la Foux ».
Nous fuyons les bombardements qui s’intensifient et qui rendent toute vie normale impossible et dans l’attente d’un débarquement qui se prépare. J’ai très peur, mais malgré tout, sur cette route des gorges, j’ai le sentiment d’aller vers la sécurité, puisque, comme on nous l’a expliqué nous serons à l’abri d’une bonne épaisseur de rochers qui nous protégera des bombardements éventuels !…
J’ai 10 ans et demi et j’y crois !
Tant et si bien que moi qui ne pouvais plus avaler un morceau de nourriture, ne dormait plus jusqu’alors, reprend confiance et appétit. Je me souviens à mon arrivée à midi avoir dormi 24 heures d’affilée.
Je me souviens d’un matelas posé à même le rocher où nous dormions 6 personnes, en dessous du passage réservé aux autres occupants de la grotte.
Nous vivions dans une proximité impensable. En dessous de nous se trouvait un infirme de la guerre 14-18, il avait les pieds gelés (disait-on). En effet, il était constamment assis et ce qui m’intriguait, c’était de savoir comment il pouvait se sortir de là si besoin était. Car des besoins d’évacuation, on en parlait beaucoup :
- Invasion par l’entrée de la grotte par les allemands
-
projection de gaz mortels
- Montée des eaux de la Foux en cas d’orage puisque cela arrivait souvent au mois d’Août.
Il était aussi question des moyens d’évacuation. On ne pouvait les imaginer se passer sans paniquer ! Comment une centaine de personnes ou plus… petits et grands – auraient pu franchir rapidement les échelons du trou « d’aération » situé à une trentaine de mètres au-dessus de nos têtes ?
Le problème de l’infirme me restait sans réponse. La nourriture était plus que rare. Nous nous contentions de peu et de très peu ; quelques maigres provisions « mises de côté pour en cas de »… faisaient l’affaire.
Mon père avait tenté à 2 ou 3 reprises de venir nous apporter ce qu’il pouvait trouver...
Il faisait route à vélo et cela représentait un réel danger puisque des chasseurs américains mitraillaient tout ce qui bougeait.
Nous nous éclairions à l’aide de bougies et de lampes à carbures dont l’odeur parfumait désagréablement la grotte.
C’est ainsi que nous avons vécu durant ces deux interminables semaines – puis regagné nos maisons le 26 Août 19444. »
Madame Martina-Fieschi
Source: Philippe Maurel